La poésie
Proposition de lecture d’Estelle NACHEZ
Extrait de La pantère des neiges de Sylvain tesson
"Sous les voutes de mon enfance et sur cette pente du Tibet, régnait la même inquiétude, suffisamment diffuse pour me sembler bénigne mais constamment présente pour n'être pas légère: quand
prendrait fin l'attente?
Il y avait une différence entre le nef et la montagne. A genoux, on espérait sans preuve. La prière s'élève, adressée à Dieu. Vous répondra-t-il ? Existe-t-il seulement? A l'affut on connait ce que
l'on attend. Les bêtes sont des dieux déjà apparus. Rien ne conteste leur existence. Si quelque chose advient ce sera la récompense. Si rien n'arrive, on lèvera le camp, décidé à reprendre l'affût,
le lendemain. Alors si la bête se montre , ce sera la fête. Et l'on accueillera ce compagnon dont la présence était sure, mais la visite incertaine. L'affût est une foi modeste."
Dominique et Estelle NACHEZ
Un avant goût de la soirée Poésie du prochain Festiv'Arts.
Cathy GARCIA CANALES
Elle proposera un atelier lors du prochain Festiv'Arts, on peut la retrouver sur son site ou sur son blog d'artiste.
Anita LUCCHINI
Communiqués par Michel BRISSAUD
Deux petits poèmes de Vénus Khoury-Ghata, extraits du recueil
« Les mots étaient des loups »
Dans la série « Inhumations »
Etre berger nécessite une parenté de sang avec un loup
des liens avec un brin d’orge ou de luzerne
on échange un fromage contre un bâton
un ballot de laine contre un calendrier
une brebis pleine contre une fille vierge
on apprend l’ignorance aux plantes savantes
l’addition au chien
et au feu de ne pas ronfler en présence des visiteurs
Dans la série « Miroirs transis »
Sa machine à coudre discute à perdre haleine avec les
moineaux alignés sur la rembarde
ils pâlissent quand l’aiguille coupe le fil de la conversation
la femme penchée sur l’ourlet est leur soeur déplumée
leur manteau du dimanche leur parapluie
leur liaison remonte à l’automne lorsqu’elle les prit
pour des feuilles mortes
ils s’installent à sa fenêtre avec vue sur la cheminée
quand décembre se prend pour un loup
soupent à sa table à travers le miroir
c’est pour eux qu’elle émiette le pain qu’elle omet de
balayer
----------
Trois extraits de « Les chemins noirs » de Sylvain Tesson
en lectures à écouter sur Décibel FM
De la frontière italienne au Mercantour - env. 14mn
La Vésubie et la Tinée - env. 10mn
La haute vallée du var - env. 16mn
Sylvain Tesson est un écrivain voyageur français. Géographe de formation, il choisit très jeune de faire des voyages et des expéditions dans des conditions souvent extrêmes dont il rapporte des carnets ou des films. En 2015, après son accident de chute de toit, et pour se rétablir, il fait une traversée de la France par les « chemins noirs ».
« Il m'aura fallu courir le monde et tomber d'un toit pour saisir que (...) La vie me laissait une chance, il était donc grand temps de traverser la France à pied sur mes chemins noirs » .
Là, personne ne vous indique ni comment vous tenir, ni quoi penser, ni même la direction à prendre. »
Sylvain Tesson
Communiqué par Anne-France
Il ne sait pas
s' il pense.
Il aimerait savoir
Si ce qu'il fait
C'est penser.
Il aimerait savoir
Ce qui se passe
Chez ceux qui pensent,
Qui se sentent penser
Il aurait bien aimé
Etre un arbre fruitier.
Lui ne donne rien.
Un arbre fruitier
Donne des choses
Qu'il peut admirer
Quand bon lui semble.
....
.Le rien,
Il ne l'a pas vu,
Il l'a
seulement porté
Il portera.
Toujours il a porté
Plus fort que lui
Beaucoup plus vaste,
plus déraisonnable
Il a besoin d'étrangler.
Il faut qu'il étrangle.
Mais qu'est ce
Qu'il va étrangler ?
Il va étrangler le rien.
Il est l'étrangleur du rien.
extraits de Sauvage de Guillevic Creusement poèmes 1977-1986
Communiqués par Elizabeth LAMONT
Une habitante de Fraysshines qui nous offre des poèmes en anglais ici.