Itinéraires figuratifs et abstraits

Au premier sens, action de figurer quelqu'un ou quelque chose dans un format toujours contraint. Mine de plomb, fusain, pinceau à lavis, brosse de tous poils, prolongement de la main en lien avec un cerveau plutôt gauche à la recherche improbable de la quadrature du cercle.

Premier, deuxième, troisième plan, construction des volumes dans l'espace de la toile, composition, perspective, trait, courbe, rondeur. Le croquis, l'esquisse, le dessin avant tout.

La peinture à l'huile amène la lumière et l'intensité des couleurs complémentaires, bleu touareg, jaune Gauguin. L'aquarelle par ses facilités de dilution, sublime les nuances et la transparence des eaux. Le noir de l'encre de Chine, hors du champ des couleurs, facilite le contraste.

Depuis longtemps, les barques, les pointus, les pinasses sont présents dans mes tableaux. Lou barca carennacoise peinte sous toutes les coutures, flottante ou en partie engourdie, silencieuse, élégante, au galbe épanoui. Souvenir inoubliable de la toute première leçon.

La toile découpé, deux tiers de ciel, un tiers de champs ouverts fermés par une forêt au couleur de fin d'été. Le chemin s'enfuit loin dans le bois, bordé de pierres sèches. Au centre, l'arbre de vie puise sa force au plus profond de la terre. Il symbolise l'évolution créatrice du peintre qui s'épanouit à mesure qu'il apprend.

Esquisser puis peindre la réalité tangible, c'est creuser le fossé avec la peinture abstraite.

Pascal Girac

L'exposition regroupe des encres de Chine et des peintures acryliques. La couleur fondamentale est le noir afin de restituer les effets de contraste absolu entre l'ombre et la lumière des clichés argentiques des années 1950. Ces toiles sont ponctuées par des touches de couleur blanche, bronze, terre de Sienne pour d'autres par des aplats de couleur éclatante, bleue, jaune, rouge...

Il s'agit avant tout de saisir le mouvement plus que la forme. Les papiers texturés et les toiles sont travaillés à plat, rien n'est préalablement réfléchi, tout se crée dans l'instant au plus près de l'état de l'esprit du moment.

Hormis les brosses et les pinceaux à lavis, les outils du peintre prolongent la main confondue des artisans maçon ou plâtrier, spatule, grattoir, couteau, truelle, râpe, tout est matière à étaler, recouvrir, épaissir... créer.

Une toile se prolonge par la suivante. Nous cheminons dans un espace infini aux confins hors d'atteinte. Ces abstractions s'appuient sur des formes rudimentaires, carré, cercle, triangle, quadrilatère pour mieux s'en libérer et construire du non-sens. Déconstruire la réalité tangible pour s'en abstraire, c'est creuser définitivement le fossé avec la peinture figurative.

Pascal Girac